Quelques points discutés lors de l’édition 2023 du Moving Mountains Forum
J’ai eu le plaisir d’animer une table ronde le 24 août dernier sur les défis de l’économie en montagne, lors du Moving Mountains Forum. Cette discussion faisait partie du cycle d’événements Les Ormonts à l’épreuve du temps, organisé pour les 20 ans du journal Le Cotterg. Les participants que je remercie chaleureusement étaient : Leïla Kébir, Docteur en Economie et spécialiste en développement régional des territoires, Philippe Gallaz, natif des Diablerets et président de la Scoop Isenau 360 et Philippe Nicolier, natif des Diablerets, ancien entrepreneur qui a exercé de nombreuses fonctions publiques et associatives dont la présidence de Lignum et la Fondation patrimoniale VD 3209. Voici les quelques points clés abordés durant les discussions préliminaires ou abordées pendant le débat.
Ce que la géographie nous dit
L’analyse géographique et économique de la région Alpes vaudoises au sens large a révélé plusieurs aspects : une géopolitique hétérogène avec deux districts, la position limitrophe avec trois cantons (Fribourg, Berne et Valais) et la proximité directe avec le bassin lémanique. La démographie de 20 117 habitants y est alignée aux moyennes suisses, sauf pour les personnes de plus de 65 ans qui représentent plus de 26 % de la population à Rougemont, Château-d’Oex et Les Diablerets (moyenne suisse : 18,7%) et pour les personnes de moins de 20 ans ou Leysin et Ollon ont une tranche de plus de 25 %.
Les variations démographiques sont plutôt inférieures à la moyenne suisse (9,4 %) à l’exception d’Ormont-Dessous et de Gryon qui ont une augmentation de plus de 10 %.
Côté économie, la région ne déroge pas à la suprématie du secteur tertiaire, même si la représentation des autres secteurs est bien mieux équilibrée avec presque 20 % de la population travaillant dans le secteur primaire. Une thématique qui aurait d’ailleurs mérité d’être plus développée comme l’a d’ailleurs relevé les questions sur où placer les limites du développement de régions de montagne.
Dernière remarque, si les surfaces territoriales sont étendues, une grande partie de ces territoires sont dits improductifs (montagne, rivières, glaciers…) avec un pic à 30 % pour Ormont-Dessus.
Ce que l’histoire de nous raconte
En brossant l’historique du développement régional, Philippe Nicollier a évoqué l’héliothérapie, l’alpinisme puis la transition vers le tourisme de masse en montrant que les communes ont toujours su rebondir. Face aux contraintes de paysage, la discussion a mené sur plusieurs pistes. La première, l’importation d’activités dites urbaines qui permettraient de désaisonnaliser les activités. La station de recherche en mathématiques SwissMAP ou l’utilisation de la Maison des Congrès des Diablerets pour des séminaires et congrès ou encore la création d’espaces de coworking en sont autant d’illustrations. L’utilisation des infrastructures à plusieurs fins comme les remontées mécaniques construites pour l’hiver, mais rentabilisées l’été a été un autre aspect évoqué. C’est d’ailleurs le modèle suivi par Glacier 3000. Enfin Philippe Nicollier s’est interrogé la possibilité de faire renaître le Parc des Muverans, voyant le résultat probant en matière d’emplois, d’apports de fonds et de visibilité qu’a le Parc naturel régional Gruyère-Pays-d’Enhaut.
Les dynamiques d’acteurs
Avec la coopérative d’Isenau, Philippe Gallaz a insisté sur l’importance de l’approche collective pour concrétiser les projets. Le projet de 20 millions d’un centre multiactivités dont le cœur est un restaurant et une remontée mécanique rassemblent 1/3 de fonds privés et 2/3 de fonds publics, principalement cantonaux. C’est d’ailleurs un thème cher à Leïla Kébir qui travaille sur la notion des communs. Elle croit en effet à la fertilisation croisée des profils très différents entre résidents principaux et secondaires qui s’allient pour un intérêt commun. Ce type de structure est beaucoup plus résiliente en cas e coup dur, l’effort étant porté par plusieurs.
Pour un résumé du forum dans son ensemble, voir l’article paru dans Le Cotterg d’août 2023, ainsi que son complément web.
Lien vers la présentation et les chiffres qui ont introduit le débat.